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Le nouveau plan d'aménagement urbain de Baietan représente un projet clé pour le gouvernement chinois en ce qui a trait au développement futur des grandes villes chinoises au 21e siècle et la création de mégacité. Suite à nos lectures, à l'analyse pré-conceptuelle effectuée par SOM et à notre analyse urbaine basé sur les concepts de l'auteur Ian Bentley, on constate certaines caractéristiques types que devraient prendre en considération les villes chinoises projetant un projet de reconstruction majeur. Dans un premier temps, elles doivent être compactes et connectées, tant à l'échelle du territoire qu'à l'échelle de la ville et du quartier. Elles devraient proposer un cadre végétal dense en périphérie et offrir des espaces verts à l'intérieur du tissu urbain afin de favoriser le développement de la faune et de la flore dans un grand respect de la nature. De plus, les villes chinoises du 21e siècle doivent renforcir leur système de transport en commun et porter une attention particulière à la marchabilité des lieux en considérant le temps nécessaire pour se déplacer d'un pôle à l'autre [walk-score]. Elles devraient aussi se concentrer sur le développement innovateur de la ville et l'intégration des nouvelles technologies tant au plan de l'architecture de leurs bâtiments que des grandes industries. Finalement, les villes chinoises futures doivent prioriser la qualité à l'inverse de la quantité lorsqu'il est question du mode de vie des habitants. Cette qualité peut être acquise entre autre par l'aménagement d'espaces mixtes offrant une multitude d'usages (résidentiel, commercial, culturel, institutionnel, etc.) et attirant ainsi amener une population variée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À première vue, le quartier de Baietan semble respecter les principes de design urbain pour un bon fonctionnement de la ville. Toutefois, certains éléments nous font remettre en question les bonnes intentions de SOM et du gouvernement chinois. Dans un premier temps, à l'échelle humaine, nous nous questionnons face à l'avenir de la population existante sur le site avant l'intervention assez agressive sur le territoire. Selon la politique du gouvernement chinois, il espère désenclaver certaines populations et s’appuyer sur l’urbanisation pour dynamiser les régions qui avaient été délaissées par le succès économique chinois  (China Analysis, 2013). Qu'advient-il de ces habitants lorsque la décontamination des sols débutera ? Seront-ils déplacés ou relocalisés à l'extérieur de la ville ou simplement déplacé? Reviendront-ils s'établir dans le nouveau Baietan lorsque le projet de réhabilitation sera complété ? Cet aspect du projet demeure sous le silence depuis le lancement du concours de design. À ce jour, aucune contreverse de la part des citoyens ou activistes ne semblent avoir fait jour. Donc, nous apportons l'hypothèse que le projet est peut-être en discussion ou en attente d'accord de la part des parties impliquées directement ou indirectement par le projet (partenaires politiques, investisseurs privés et/ou publics, citoyens, etc.).   

 

 

​De plus, lors du lancement du concours et de la présentation du plan d'aménagement conçu par SOM, la firme de concepteurs affirme vouloir inclure la population dans le processus de design, mais aucune démarche participative n'est expliquée. Nous supposons que cet aspect du projet sera pris en compte seulement plus loin dans les étapes du projet, c'est-à-dire à l'étape de la construction. Parcontre, il est démontré qu'une consultation auprès des citoyens dès le début du processus, dans l'objectif qu'ils y apportent une contribution au processus de conception, favorise le sentiment d'appartenance face au projet et augmente la pluralité des propositions afin de susciter des discussions. Selon l'auteur Davidoff, dans un projet où il y a une pluralité d'acteurs dans le processus, l'équipe de concepteurs devrait être engagée dans les procédures politiques en tant qu’avocats [advocates] défendant les intérêts du gouvernement et d’autres groupes, organisations ou même des individus qui sont concernés par les politiques du futur développement de la communauté. Toutefois, en considérant le point de vue de l'auteur Brent D. Ryan, il est possible de se demander si l'influence politique sur le projet de Baietan n'altèrera pas la proposition de la firme SOM. "Urban renewal was, of course, supported by a "growth machine" that included politicians, legislators, and business leaders whose influence far outweighed that of planner" (Ryan, 2012). 

 

 

Une autre critique du projet de Baietan concerne la provenance du design produit et la compatibilité de ce dernier avec le mode de vie des habitants de la grande ville de Guangzhou. Est-ce que le nouveau projet s'est inspiré du fonctionnement actuel du secteur d’intervention ? Bien qu'un des enjeux considéré par SOM porte sur le respect de la culture Lingnan, qu'en est-il des autres aspects de la vie quotidienne des chinois dans les deux quartiers touchés par le nouveau projet de réhabilitation soit Liwan et Haizu ? Répond-il réellement aux besoins des habitants ou aux critères de ville durable que désire le gouvernement chinois ? Les politiques urbaines et sociales sont-elles réalistes? Ces réponses viendront peut-être plus tard lorsque le projet sera réalisé et que le quartier Baietan prendra vie. 

 

 

À l'échelle du bâti, aucun des documents présentés par SOM ne mentionnent la démolition de l'existant, alors que c'est plutôt difficile à croire lorsqu'on observe le site tel qu'il est actuellement. En terme de coûts, cette étape représente un investissement important. On se demande qui paiera pour cette démolition. Est-ce le gouvernement chinois ? Les futurs promoteurs ? Bref, plusieurs questions demeurent sans réponse en ce qui a trait à la gestion du territoire actuel en prévision de l'aménagement du nouveau quartier de Baietan.

 

 

" It has been found that the allocation of funds for removal of physical blight

may not necessarily improve the over-all physical condition of a community and

may engender such harsh social repercussions as to severely damage both social and economic institutions."

- Davidoff

 

 

Sur une note plus positive, à l'échelle du projet, nous pensons que le plan directeur proposé par SOM est appuyé par un bon nombre de professionnels travaillant dans des domaines variés que ce soit en architecture, en urbanisme, en aménagement du territoire, en ingénierie, etc. Comme le mentionne Davidoff, "the type of knowledge required by the new comprehensive city planner demands that the planning profession be comprised of groups of men well versed in contemporary philosophy, social work, law, the social sciences, and civic design. Not every planner must be knowledgable in all these areas, but each planner must have a deep understanding of one or more of these areas and he must be able to give persuasive expression to his understanding." Selon ce que nous constatons du projet Baietan, l'équipe de SOM intègre non seulement leurs idéologies en tant que designer urbain, mais accorde aussi une grande importance aux valeurs de la population chinoise et spécifiquement de celle de Gangzhou. Nous croyons que cette sensibilité à l'égard de la culture Lingnan et du mode de vie des futurs usagers avantage grandement leur projet et favorise sa réussite. 

 

 

 

Baietan applique-t-il les critères et concepts clés ressortis dans le cadre théorique

lors d'un projet de réhabilitation et de reconstruction ?

Finalement, il est à noter que les objectifs non cochés ne veulent pas dire qu'ils ne seront pas appliqués dans les futures étapes du projet. En effet, puisque Baietan est encore à l'étape conceptuelle, certains programmes (social et économique entre autres) ne sont pas encore établis par l'équipe de SOM et le gouvernement chinois. Quant à l'évaluation du quartier en terme de retombée sociale, économique, psychologique, physique ou esthétique, il est difficile de mesurer les impacts réels du projet Baietan si tôt dans le processus de réalisation. Toutefois, le tableau ci-haut présente un portrait positif et surtout optimiste sur la prise en considération d'une majorité de ces critères pour un bon projet de réhabilitation et reconstruction d'une ville. Nous supposons, à la lumière de nos lectures, que le respect de ces concepts clés guiderait l'équipe de SOM vers la réussite du projet Baietan. Ces critères, bien que directifs, ne représentent pas des lois imposées par le gouvernement chinois. C'est pourquoi SOM n'est aucunement dans l'obligation de respecter ces objectifs clés bien que la firme y retirerait certainement des avantages. Bref, le nouveau quartier tel que présenté et analysé par notre équipe à ce jour promet d'être un endroit adapté à la croissance démographique sans fin de Guangzhou et de d'autres villes chinoises en plus de favoriser un environnement propice au développement économique de la région du Pearl River Delta. Il ne reste qu'à voir si le projet sera accepté par la population qui fera de Baietan un projet de réhabilitation urbaine réussi ou voué à l'échec. 

CRITIQUE

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